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 Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]

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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Aoû 2019 - 17:02



« Ces conditions me semblent acceptables. Compte tenu de la situation, il serait bien peu avisé de discuter de tout cela en place publique... Mais... Je peux vous dire que ce petit diablotin à constaté chez vous une souffrance cachée, probablement d'une expérience traumatique. Vous cherchez à vous en débarrasser, n'est-ce pas ? Il se trouve que j'ai effectivement quelque chose qui pourrais vous aider... Mais... C'est une démarche qui n'est pas sans risque, et sur laquelle vous allez devoir mesurer les choses... Je vous dirais tout ce que je sais le moment venu. Ici, les murs ont des oreilles. Je vous retrouverais ce soir. »

Et sur ces belles paroles, le marchand s'éclipsa aussitôt en remballant ses affaires et mettant ses gains de la journée à l'abri. Il attendit cependant que la place soit intégralement dégagée pour terminer de refermer ses différents wagons.

« Allez ! Hue Marguerite ! »

Il remit en marche le wraxapode de façon à raccorder les différents wagons à l'engin de trait. Une fois l'intégralité du convoi formé, il déplaça ce dernier vers la sortie de la ville.


Le soir venu, devant les grandes portes de la ville, Zaahid avait conformément à son plan parqué son bazar ambulant sur le coté de la grande route. L'intégralité des wagons étaient désormais fermés, à l'exception d'un seul. Le marchand reposait sur une marche de bois, patientant que la jeune femme vienne le retrouver. D'un coté, il était excité : Ce n'était pas tout les jours qu'il tombait sur ce genre de cas et qu'il allait pouvoir mettre en pratique les objets collectés dans son stock. La plupart du temps, ces derniers partaient à la revente. De l'autre coté : Comment allait-elle réagir à la nouvelle ? Ce n'était pas comme si il allait lui demander une tâche aisée.

Quand enfin, il aperçut l'elfe accompagnée de, comme indiqué, son gorille il se leva prestement de sa marche et s'inclina aussitôt.

« Aaaah ! Vous êtes venue ! Merveilleux, merveilleux. Venez, ne restons pas dans le froid de cette nuit. J'ai aménagé ce wagon afin que nous soyons parfaitement au confort durant le reste de la transaction que je vais vous proposer. Venez, entrez. »

Il s'écarta du chemin et poussa la porte du compartiment, révélant un intérieur éclairé à la lanterne et aux bougies. On y avait placé une chaise avec des sangles, et il y avait également tout un set complet d'alambics et de chauffeurs de verre. Des piles de livres cryptiques et des caisses contenant des fioles de verre semblaient compléter les lieux.

« Oui, je sais ce que vous vous dites. De fait, je ne serais pas non plus spécialement rassuré si je débarquais dans ce qui aurait très bien pût être une salle de torture dans d'autres conditions. Mais vous allez comprendre. Après tout, n'êtes vous jamais allée chez l'arracheur de dent ? Je peux vous certifier que cela est six fois plus désagréable que ce que nous allons faire ce soir. Vous pouvez fouillez les combles si vous voulez, il n'y aucune arme ou lame cachée. Et je n'en ai pas non plus pour moi. De toute manière, je ferais un bien piètre escrimeur. »

Sur une étagère, il semblait y avoir une sorte de petite boîte couverte de tissu et recouverte de chaînes. Elle se secouait et vibrait de manière régulière d'elle même, comme si quelque chose cherchait à s'en échapper. Était-ce des grognements qu'on entendait ?

« Oh euh... Ne faites pas attention à ça. Si vous entendez des bruits bizarres venant de la réserve aussi. Évitez juste de toucher. Contenir ces choses est souvent... Difficile. Vous savez ce que c'est, quand on est un vieux garçon, on n'est pas des plus organisés. Et il est une règle phare de ne pas mettre ensemble les... Vous savez quoi ? Oubliez ce que j'ai dit. Ne touchez juste pas. »

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Erilys
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeJeu 12 Sep 2019 - 21:42



« Vous viendrez ?
Vous savez bien. »

Erilys se dessina un sourire lumineux qui aurait changé en printemps tout un hiver. Pour l’escorter, elle s’était orientée vers un garde avec qui elle avait sympathisé par hasard et qui longeait les rues de son quartier au coucher du soleil. Thymar, c’était son nom, était un elfe âgé de quelques vénérables cent-vingt-sept ans mais qui avait déjà dans les yeux l’air d’en avoir deux cent vingt-sept. Il avait assisté à la pendaison de son père alors qu’il était encore enfant et, peu de gens s'en souviennent, avait été l'époux de la fille héritière d'un nouveau riche, qui avait péri avec sa fille dans l'incendie de leur immense demeure dans de mystérieuses circonstances. Il s’agissait typiquement du genre de personne qui avait perdu tout ce qu’il aurait pu attendre de la vie et dont les souvenirs, mêmes bons, le hantaient comme des fantômes et lui rongeaient le quotidien. Les amis de Thymar disaient de lui qu’il était l’homme le plus honnête et méritant qui ait jamais foulé l’Archipel, et lorsqu’il les entendait, le garde répondait avec un humble haussement d’épaules qu’il faisait seulement en sorte de toujours suivre le chemin de la justice, parce qu’il n’y avait qu’elle qui était fondamentalement sage.
À Erilys, il n’aurait pas refusé grand chose. Comme à peu près tout le monde dans le quartier (car le bouche à oreille s’était chargé de la faire connaître à ce microcosme), il lui avait reconnu une aménité séraphine, et discuter avec elle, même s’il ne s’agissait que de politesses et de bavardages byzantins, suffisait à transformer une journée ordinaire en belle journée.

À la nuit tombée, la demi-elfe s’enveloppa sous une cape et retrouva Thymar aux portes de sa maison. L’homme attendait, torche à la main, patient et droit.

« Je suis contente de vous avoir avec moi Thymar. Je crois ce Zaahid plutôt honnête, mais je préfére prendre des précautions.
Et vous avez raison, Erilys. »

Ils ne tardèrent pas à repérer les wagons du marchand. Son propriétaire se leva de la marche où il s’était assis et les salua en agitant les bras.

« Aaaah ! Vous êtes venue ! Merveilleux, merveilleux. Venez, ne restons pas dans le froid de cette nuit. J'ai aménagé ce wagon afin que nous soyons parfaitement au confort durant le reste de la transaction que je vais vous proposer. Venez, entrez. »

Erilys fut étonnée de le retrouver toujours vêtu de son armure. Ce n’était pas pour la mettre plus à l’aise. Elle pensa que cela ne devait pas être très pratique ni confortable, mais elle se garda de le faire remarquer. Thymar en revanche en prit note.
Mais ce qui l’attendait à l’intérieur semblait lui promettre le pire. Une chaise. Des sangles. Le parfait kit du tourmenteur débutant. La demi-elfe se sentit blêmir. Son coeur battit plus fort et elle déglutit. Thymar, lui, caressait la garde de son épée comme on l’aurait fait pour rassurer un animal en colère.

« Oui, je sais ce que vous vous dites. De fait, je ne serais pas non plus spécialement rassuré si je débarquais dans ce qui aurait très bien pût être une salle de torture dans d'autres conditions. »

Elle hocha ostensiblement la tête. Totalement d’accord.

« Mais vous allez comprendre. Après tout, n'êtes vous jamais allée chez l'arracheur de dent ? Je peux vous certifier que cela est six fois plus désagréable que ce que nous allons faire ce soir. Vous pouvez fouillez les combles si vous voulez, il n'y aucune arme ou lame cachée. Et je n'en ai pas non plus pour moi. De toute manière, je ferais un bien piètre escrimeur. »

Erilys fit planer son regard sur le détail coloré des contenant cristallins et des labyrinthes d’alambics, de becs, de valves et d’autres vistemboirs étranges et plus subjectivement inquiétants. La demi-elfe ne put s’empêcher de le comparer au laboratoire dans les égouts de Skerlida, mais à la différence de celui-ci, il n’y avait pas de cuve immense qui servait d’aquarium à un léviathan juvénile. Ses yeux se posèrent enfin sur Thymar. Après une minute à observer lui-même leur environnement, il lui répondit par un hochement de tête qui signifiait que rien ne semblait suspect, ou plutôt que rien ne semblait particulièrement suspect parmi toutes les choses suspectes qu’abritait ce wagon.
Une boîte émit soudain un gargouilli étrange et tous deux se tournèrent vers la provenance de ce bruit en arborant leur plus belle expression de méfiance.

« Oh euh... Ne faites pas attention à ça. Si vous entendez des bruits bizarres venant de la réserve aussi. Évitez juste de toucher. Contenir ces choses est souvent... Difficile. Vous savez ce que c'est, quand on est un vieux garçon, on n'est pas des plus organisés. Et il est une règle phare de ne pas mettre ensemble les... Vous savez quoi ? Oubliez ce que j'ai dit. Ne touchez juste pas.
Et vous cachez aussi des démons dans des fioles, monsieur Al-Shahan ? Si c’est cela, vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. J’ai lu un roman dans lequel le personnage principal parvenait à mettre son ombre en bouteille. Enfin peu importe, si ce n’est que cette histoire s’est mal terminée. Enfin je n’ai aucune envie de savoir ce qu’il y a là-dedans. dit-elle avant de se tourner vers lui. Alors… Elle avisa un siège – un qui n’était pas celui avec les sangles. Je peux ? Bien. (Elle s’installa après en avoir reçu la permission.) Pour que nous soyons bien d’accord, je vais vous énoncer moi-même le problème. Comme votre diablotin vous l’a rapporté, je suis marquée de terribles souvenirs, et maintenant je souffre de cauchemars. C’est aussi simple que cela. Je vous confie que les deux médecins alchimistes que j’ai vu n’ont pas été capables de m’aider, aussi gentils fussent-ils. Ils m’ont donné des potions, des colifichets que je devais glisser sous l’oreiller… Mais ça n’a pas fonctionné. Ils en ont conclu que j’avais eu affaire à.. Eh bien, voyez-vous, je ne sais pas à quoi. Erilys reprit son souffle et pencha la tête. Maintenant, dites-moi ce que vous avez à me proposer. Je veux tout savoir dans les moindres détails. À la fin, vous me donnerez votre prix et j'aviserai. »

Debout à côté d’elle, Thymar croisa les bras.

« Je vous écoute. »


Dernière édition par Erilys le Sam 14 Nov 2020 - 8:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Sep 2019 - 16:02



En voilà un sacré gorille avec son plastron. Elle ne plaisantait pas quand elle disait qu'elle allait avoir amener un garde. Enfin, il y avait peu de chances qu'il s'énerve, pas vrai ? A moins qu'il ne supporte pas ce qui allait se passer. Zaahid n'était pas des plus satisfaits à l'idée de laisser un témoin voir tout ceci, mais il allait devoir faire avec. Il tourna la tête vers le garde tout en répondant à la jeune femme.

« Oui, oui, vous saurez tout en détail. Mais votre garde ici présent doit aussi tenir sa langue dans l'avenir. Voyez vous, ce que je vais vous exposer est non seulement un savoir que beaucoup considéreraient comme interdits, mais est en plus une potentielle source d'ennuis de grande considération si les mauvaises personnes venaient à l'apprendre. Je vous prierais donc monsieur de garder le secret de cette transaction. »

Une fois l'avertissement lancé, il se dirigea vers ses étagères dans lesquelles il piocha différents livres, caisses de fioles et autres accessoires qu'il déposa sur le bureau dans le coin. Alors qu'il se mit à déballer tout cela, il parla.

« Avez vous déjà entendu parler du dénommé Iconis, mademoiselle ? Non pas que vous rateriez ici un grand homme, mais il y eut au moins quelque chose d'intéressant dans sa carrière. Si vous voulez mon avis même, je pense même que c'était là le roi de la confrérie burlesque des radoteurs. A défaut d'être quelqu'un d'intérêt ou homme de qualité, je dois lui reconnaître que ses objets d'études étaient cependant intriguant. »

Il sortit une sorte de livre entouré de tissu qu'il déballa aussitôt. Cela déballa une sorte de carnet de cuir relié vieillot. On pouvait y lire le nom « Iconis » sur la couverture.

« Ce que nous allons faire ce soir n'est pas la création d'une simple potion, non. Vous cherchez à effacer vos cauchemars. Je ne pourrais jamais vous guérir de vos souvenirs, je peux en revanche effacer ces mauvais rêves, et même une partie de votre effroi. Ce que nous allons faire ce soir n'est pas de l'alchimie ou du travail apothicaire, loin de là. Non. Ce que nous allons faire ce soir, c'est de la médication sanguine. »

Le marchand se dirigea vers un placard et en tira une sorte de caisse qui contenait un lot de six fioles rouges. Il sembla prendre grande précaution à ne pas la faire tomber ou la renverser. Il posa la caisse sur le bureau à son tour.

« Je vous présente : le sang de dragon. Cela m'a presque coûté un bras à obtenir. Si vous saviez à quel point il est compliqué de s'en procuré... Je donnerais toute ma fortune pour qu'une de ces créatures soit docile et accepte que je lui en prélève régulièrement. Et même avec un accord commercial. Faire commerce avec les dragons ne me dérange pas le moins du monde, à la condition qu'ils acceptent d'y mettre du leur. Littéralement. »

Zaahid s'assura de ne rien faire tomber et déplaça doucement l'une des fioles vers l'un des alambic qu'il avait installé plus tôt. Il tira un sac de toile duquel il se mit à extraire encore d'autres éléments. Herbes, liquides, racines, poudres...

« Cet Iconis était un parfait idiot, mais il en fallait au moins autant pour livrer des études sur le sang de dragon. Oui a un moment de sa vie, il a dédié un chapitre de son existence au sang. Il en a bu, il en a ajouté dans ses plats, il en a fait des philtres... Bref. Et sur la fin, je pense qu'il a complètement perdu la boule. Les dernières pages de son livre ressemblent à des textes d'un névrosé obsessionnel plutôt qu'à un vrai mage éduqué. »

Al-Shahan pivota pour regarder la jeune femme.
« Cependant, en combinant ses écrits avec les travaux d'autres auteurs et en étant juste et renseigné sur les doses adéquates, je peux vous fabriquer quelque chose d'adapté. Laissez moi vous montrer. »

Il se mit alors aussitôt au travail, et commence à broyer, mixer et mélanger les différents ingrédients qu'il eut sortit dans son alambic, suivant visiblement à la lettre la série des livres qu'il avait sortit. Al-Shahan n'était pas un créatif, mais il avait accumulé assez de tomes de bizarreries au fil des ans pour savoir lesquels étaient fiables et lesquels étaient des œuvres d'illuminés. De fait, il était un bon exécuteur. Pas besoin de faire de nombreuses études quand d'autres le faisaient pour vous.
Le fruit de son travail fut une sorte de liquide orangé qui monta dans le réservoir principal de l'alambic... Il se saisit alors d'une des fioles de sang épais qu'il déboucha avec prudence... Il l'apporta vers le réservoir, et glissa quelques gouttes, ni plus, ni moins a l'intérieur. Lorsqu'elles touchèrent la surface liquide de la préparation, elles semblèrent la transpercer et répandre un brouillard écarlate.

Al-Shahan s'essuia le masque d'un revers de son gantelet doré.

Il mit aussitôt le feu sous le réservoir qui se mit après quelques minutes à bouillir, faisant remonter des vapeurs cramoisies qui vinrent finalement former des gouttelettes rouges qui glissèrent le long de l'alambic pour rejoindre un petit tube de verre. Une fois ce dernier remplit de son espèce de liqueur écarlate, Zaahid l'encastra aussitôt dans ce qui semblait être une seringue un peu intimidante. Il se tourna et la présenta alors à la jeune femme, dans la paume de son gantelet.

« Voilà la solution à votre problème. Vous souhaitez mieux dormir ? Résister à ces cauchemars ? Alors vous devez suivre cette médication par le sang. Injectez vous la préparation avant de vous coucher, cela vous garantira de ne pas avoir ces mauvais rêves. Mais je dois vous avertir : Le processus de médication, si j'en crois les écrits d'Iconis, est un phénomène d'adaptation. La première fois que vous allez prendre cette chose, cela ne sera pas agréable. Vous vous sentirez malade, sans doute agitée. Vous aurez des étourdissements et un peu de fièvre. Enfin, peut-être que vous aurez envie de casser quelque chose pour faire cesser cette inconvenance... »

Le masque aux orbites noires et vides du marchand furent le seul refuge.

« Votre volonté sera testée. Mais connaissez vous la mithridatisation ? Cela consiste à boire une petite quantité de poison afin d'y développer une immunité. C'est exactement le même processus qui est à l'oeuvre ici... mais avec cette mixture basée sur le sang de dragon. Une fois l'inconvenance passée, votre esprit s'en ira loin vers des horizons plus calmes, plus oniriques... Vos rêves seront agréables, mais étranges. Vous vous réveillez le lendemain, sans souvenirs précis mais avec des impressions et des inspirations. Votre sommeil aura été réparateur dans la finalité. »

Il marqua visiblement un silence et reprit alors.

« … Encore une chose. Personne n'a été en mesure de déterminer avec précision les effets latents de la consommation du sang de dragon par les hominidés. Alors prenez mes mots avec une grande valeur : Ne dépassez jamais la dose prescrite. Ne mettez jamais plus de sang de dragon que nécessaire... Vous pourriez y développer une addiction, le sang de dragon pourra vous paraître entêtant, nécessaire. Et avant même que vous ne vous en rendiez compte, vos pensées seraient empoisonnées par le désir de faire couler ce sang, à n'importe quel prix. La violence sera un doux refuge, et la vue du sang qui coule une source de plaisir et d'excitation. »

Il laissa planer le silence encore quelques instants, le temps de lui laisser bien assimiler tout ce qu'il venait de dire.

« C'est pour ça que j'ai mis ce siège à sangle ici. La première injection est décrite comme... désagréable. Je ne voudrais pas que vous cassiez tout dans mon bazar. Maintenant le choix est à vous. Acceptez vous de tenter cette médication ? Je vous donnerais une liste des éléments qui composent la mixture écarlate, comme je l'appelle, et de quoi la préparer. Mais c'est votre responsabilité qui sera engagée par la suite. Je vous vends un savoir interdit, mesurez le bien. Mais je ne serais plus celui qu'il faudra blâmer si les choses tournent mal ensuite. Vous pouvez encore refuser, bien entendu. Une opportunité unique, ou l'assurance de la routine au prix des cauchemars ? Je vous laisse choisir. »

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Erilys
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeVen 20 Sep 2019 - 22:34


Lorsque Zaahid eut terminé, la demi-elfe leva les yeux et inspira. Elle adressa à Thymar un regard interrogateur, puis elle répondit enfin au marchand :

« Puis-je prendre l’air une minute ? Il faut que je réfléchisse sérieusement à la question. »

Comme il répondait poliment par l’affirmative, elle sortit du wagon, suivie du garde. Ses oreilles accueillirent les murmurs de la nuit si propices à la réflexion.
Thymar, lui, digérait mal toutes ces aberrations. Peu importe la réponse qu’Erilys allait donner, il ne laisserait pas une telle expérience se produire. Il se hâta de la rejoindre.

« Sauf votre respect madame, je ne peux pas vous permettre d’accepter cette offre. Ne serait-ce que parce que vous m’avez engagé pour vous protéger.
La demi-elfe était calme.
Je sais.
Alors la question ne se pose pas et l’affaire est réglée.
Je n’aime pas répondre sans avoir réfléchi au préalable, même si la réponse me semble évidente. Et puis c’est aussi au client de faire transpirer le vendeur…
Je ne imaginais pas aussi cruelle, plaisanta-t-il. Quoiqu’il en soit… si je puis me permettre une remarque…
Vous n’êtes pas obligé de me parler comme si j’étais noble, Thymar. Même si c’est ce que ma délicatesse vous inspire. Exprimez-vous librement.
Bien sûr. Pourquoi est-ce que vous n’allez pas voir quelqu’un qui vous ôterait ces mauvais souvenirs ? Il y a plusieurs magiciens à Abyre qui sont reconnus pour cela. Autant prendre le mal à la racine. Comment rêver de quelque chose qui n’existe plus dans votre mémoire ?
Erilys soupira.
J’aimerais que cela soit aussi simple, mais ça ne l’est pas. J’ai plusieurs raisons de vouloir garder ces souvenirs. La fondamentale, et qui est aussi absolument catégorique, est que chaque souvenir est une part de nous et qu’il solidifie notre pensée. Personne ne naît infusé de sa morale ni de ses opinions. Elles s'acquièrent. Et si je m’avance encore, j’ose croire que les souvenirs que nous oublions supposément sont ceux qui ont le mieux gravé notre âme.
C’est un point de vue intéressant. Vous lisez de la philosophie ?
Je lis de tout, sauf de la philosophie.
Vous devriez.
J'ai essayé. Et je pense que les poètes et les romanciers font de meilleurs philosophes que ceux que l'on nomme "les penseurs de l'époque". Un roman, un bon roman vous en apprendra bien plus sur le monde et la vie que la philosophie elle-même.
Je ne suis pas sûr de partager votre avis, mais je serai ravi d'en discuter autour d'un verre plus tard. Alors que comptez-vous répondre à monsieur Al-Shahan ?
Que je rejette son offre, parce que je ne veux pas me mettre en danger et encore moins mettre en danger d’autres personnes si, par mégarde, je ne respecte pas cette soi-disante dose prescrite. Sans compter tous ces effets secondaires… Quand on a commis un meurtre, la justice se charge de nous tuer avant même que la surdose le fasse. En revanche, les cauchemars ne nous tuent pas plus qu’ils tuent les autres. Ils nous polluent la vie, mais au moins, ils nous la laissent sauve.
Je ne peux qu’approuver.

Erilys reparut dans le bazar. La chaise et ses sangles semblaient l’attendre et elle frissonna à leur vue. Elle se rassit sur celle où elle avait pris place plus tôt et se lança d’une voix qui, sans qu’elle ne laisse de place à l’insistance, restait dépourvue de toute animosité.

« J’ai bien mesuré mon choix, monsieur Al-Shahan... Et je regrette, mais je ne peux pas me résoudre à participer à une telle expérience. Je préfère être honnête et vous dire exactement pourquoi. Sans parler de l’inconfort que l’idée de m’injecter quelque chose dans le corps me cause, ni de ce que vous n’êtes pas vous-même certain de tout ce dont cette expérience peut résulter, je dois vous dire que votre “solution” à mon souci m’impose de prendre des risques bien trop importants. Vous l’avez dit vous-même, à supposer que je dépasse la dose prescrite, je pourrais bien perdre la tête et m’en prendre à n’importe qui… Peut-être que cela aurait été différent si j’avais été seule dans ma vie, mais il y a des gens que j’aime et qui m’aiment et je préfèrerais me tuer que de leur faire du mal. Du côté de ce que vous m’assurez sur les effets positifs de cette médication… À savoir un sommeil réparateur, certes, mais des impressions et des inspirations au réveil sans que je ne me souvienne de rien… Non, je refuse. Je veux garder les pieds sur terre, pas avoir la tête encore en orbite jusqu’à la prochaine injection. Ça ne vaut pas la peine. Comme je le disais à Thymar tout-à-l’heure, les cauchemars ont au moins pour eux de ne jamais mettre en danger personne. Accessoirement, je ne fais pas une bonne alchimiste. Je fais même à peine une bonne cuisinière. Que se passerait-il si je me trompais lors de la préparation ? Vous ne confieriez tout de même pas des ingrédients aussi précieux à une amatrice ! »


Erilys reprit son souffle et baissa la tête. Accepter une chose pareille, c’était envisager de possiblement mettre en danger Danalhéa, Ted et les autres. Elle ne pouvait pas se le permettre. Le garde renchérit. Il n’aimait de toute évidence pas le marchand, ce qui était tout à fait légitime puisqu’il entrait parfaitement dans la catégorie des trafiquants de magie noire, du genre de ceux qui seraient les bienvenus sous le toit du geôlier. S’il n’était déjà pas en train de retourner sa maudite roulotte, c’était bien parce qu’il savait que la noblesse de cœur de la demi-elfe l’en dissuaderait.

« Je crois que nous allons en rester là, monsieur Al-Shahan. Vous feriez mieux de partir avec votre bazar sur le champ. Et si vous revenez, vous pourrez être sûr que nous vous surveillerons partout de près, de très près. Latrines comprises.
La gentillesse n’est pas un trait de caractère exclusivement féminin, Thymar. Inutile de le menacer.
Dites-moi comment faire mon travail, pendant que vous y êtes...
Mais n’ai-je pas raison ?
Le garde leva les yeux au plafond. Il soupira. On lui faisait rarement remarquer qu’il avait tort et il n’aimait pas ça. Mais puisqu’il voulait être juste et sage, il devait bien commencer par admettre cela.
Oui.
Il n'avait cependant pas dit son dernier mot.
Mais veuillez enlever votre masque. Je dois vous identifier. »
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeSam 5 Oct 2019 - 18:51



Il ne fut pas étonné du besoin de l'elfe de sortir. A sa place, il en aurait sans doute fait autant. Quoique le marchand était relativement mal placé pour parler et raisonner sur un tel sujet : Il eut commit bien des erreurs dans sa jeunesse, et certaines étaient restées gravées jusqu'à sa chair même.

« Oui ! Oui. Allez y, je vous en prie. Ce n'est pas quelque chose qu'il faut prendre à la légère. Revenez dès que vous êtes décidée. »


Le temps qu'elle ne revienne dans son échoppe mobile, Zaahid entreprit de mettre un peu d'ordre dans tout son bazar avant de poser son regard sur la mixture écarlate qui reposait sur le comptoir, a coté des seringues servant à l'injecter. L'espace d'un instant, il se rappela que la simple existence d'une telle chose dans sa boutique était un motif suffisant pour l'envoyer à l’écartèlement dans d'autres contrées. Ce produit était issu de connaissances dangereuses. Ce produit était le fruit du savoir interdit. Durant très longtemps, son mentor lui avait parlé de ce genre de choses. Parfois, il était mieux pour le monde que certaines choses restent enfouies, parfois il était nécessaire de se complaire dans l'ignorance...

Mais Zaahid n'était pas comme cela. Il ne l'avait jamais été.

Voilà des années avant, alors qu'il s'essayait à la magie afin de surprendre et par objectif latent d'augmenter ses revenus monétaires, déjà ses ambitions étaient orientées vers le profit personnel. Non, Al-Shahan n'était pas un bon magicien. Un bon magicien était un savant qui mettait ses connaissances pour le bien commun, et non pas pour son entreprise personnelle. Il repensa un instant à son mentor... Il y avait bien plus qu'une simple histoire d'argent derrière ce bazar... Cette elfe... Il comprenait quelque chose. Il n'y avait aucun intérêt à débattre avec lui même de ce qu'il était. Et de toute évidence : il ne s'était jamais considéré comme un modèle de vertu. Mais il y avait plus qu'un simple avertissement dans les derniers mots de son maître.

Le temps qu'il se tira de ses pensées, voilà que la jeune femme était de retour avec son gorille en plastron. Ah ! Finalement ! La réponse tant attendue.

« J’ai bien mesuré mon choix, monsieur Al-Shahan... Et je regrette, mais je ne peux pas me résoudre à participer à une telle expérience. Je préfère être honnête et vous dire exactement pourquoi. Sans parler de l’inconfort que l’idée de m’injecter quelque chose dans le corps me cause, ni de ce que vous n’êtes pas vous-même certain de tout ce dont cette expérience peut résulter, je dois vous dire que votre “solution” à mon souci m’impose de prendre des risques bien trop importants. Vous l’avez dit vous-même, à supposer que je dépasse la dose prescrite, je pourrais bien perdre la tête et m’en prendre à n’importe qui… Peut-être que cela aurait été différent si j’avais été seule dans ma vie, mais il y a des gens que j’aime et qui m’aiment et je préfèrerais me tuer que de leur faire du mal. Du côté de ce que vous m’assurez sur les effets positifs de cette médication… À savoir un sommeil réparateur, certes, mais des impressions et des inspirations au réveil sans que je ne me souvienne de rien… Non, je refuse. Je veux garder les pieds sur terre, pas avoir la tête encore en orbite jusqu’à la prochaine injection. Ça ne vaut pas la peine. Comme je le disais à Thymar tout-à-l’heure, les cauchemars ont au moins pour eux de ne jamais mettre en danger personne. Accessoirement, je ne fais pas une bonne alchimiste. Je fais même à peine une bonne cuisinière. Que se passerait-il si je me trompais lors de la préparation ? Vous ne confieriez tout de même pas des ingrédients aussi précieux à une amatrice ! »

Elle tentait peut-être de le flatter afin de rendre son refus plus agréable à entendre. Al-Shahan se contenta de hocher de manière un peu nonchalante la tête. Non. Il n'était pas surpris. Le marchand posa la main sur le kit des seringues qu'il rangea dans un coffret qu'il ferma à clé, emballa d'un tissu, et enchaîna. Encore un objet supplémentaire qui ne devait pas sortir de chez lui désormais.


« Je comprends. Tout le monde n'est pas capable de pouvoir gérer et modérer une telle chose. Peut-être il est mieux ainsi. Après tout, il paraît que cet Iconis à eut une fin quelque peu tragique, et voilà que son nom m'évoque la disgrâce et le dédain. N'aurait-il pas été fort dommage qu'un tel sort s'abatte sur vous ? Vous avez choisis avec sagesse. Les esprits faibles acceptent souvent la solution la plus facile sans penser aux conséquences de leurs actes. J'espère au moins que ma petite entreprise et proposition vous aura permis de réfléchir sur vous mêmes et votre situation. La connaissance de soi est une denrée trop précieuse pour que l'on puisse se permettre de l'ignorer. Hélas, bien des gens semblent ne pas en avoir conscience. Personne n'est indispensable au bon déroulement du monde. »



Le garde du corps n'était vraisemblablement pas en meilleur des termes avec lui, non pas que cela l'inquiétait forcément. Il avait déjà vu ces individus en armes. Fiers et durs, qui n'aiment pas qu'on remette en cause leur vision bien établie des choses. Il avait réussit à plus ou moins l'ignorer jusqu'ici, mais une phrase vint alors...

« Mais veuillez enlever votre masque. Je dois vous identifier. »

Zaahid s'arrêta net dans son rangement et pivota pour le regarder. On était donc à cette étape. Il soupira un instant... et secoua la tête.


«« Je crains que vous n'ayez déjà tout les éléments nécessaires à mon identification, cher monsieur. Je sais que vous ne m'aimez pas, et bien que le sentiment soit réciproque, il m'importe d'être d'une clarté modèle afin que nous puissions tout deux reprendre nos chemins respectifs sans plus d'interférences mutuelles. Vous vous imaginez sans doute que je fais partie de cette caste de nécromanciens ou autres mages obscurs dont on préfère réserver la place en tant que grands méchants des livres d'histoire pour enfants. Mais la réalité des choses est toujours plus compliquée que ce que l'on imagine aux premiers abords. »



Il leva les bras en présentant la pièce environnante.


« Vous pouvez fouiller, si ce sont des choses pour m'envoyer en prison que vous cherchez, je ne doute pas que vous trouverez tout ce qu'il vous faut et plus encore. J'ai assez de poison pour détruire un royaume entier, assez de sombres recherches pour briser le plus saint des hommes et assez d'artefacts maudits pour séduire le plus cruel des diables. Tout ce que vous voyez ici a commencé il y a bien longtemps, lorsqu'un simple homme de la paysannerie s'est posé une question : « Et si ? »... »



Al-Shahan s’assit sur un tabouret en haussant les épaules.


« Et si il y avait plus que ce que nos yeux peuvent voir ? Et si il y avait plus que ce que nos esprits peuvent imaginer ? Et si il y avait plus grand mal que les démons de la littérature ? Et si il y avait plus grande puissance que ce que les écoles de magies enseignent ? Autant de questions qui ont trouvées des réponses. Mais il y avait une chose que cet homme eut très bien compris : Nous ne sommes pas nés égaux. Nous ne sommes pas tous dignes de découvrir la réponse à ces questions. Ainsi était né notre modeste lignée, nous qui sillonnons le monde à la recherche des artefacts, curiosités et énigmes. De mentors en mentors et de vendeurs en vendeurs. Nous collectionnons et nous vendons, mais nous savons très bien qu'il y a plus que la simple beauté ou curiosité derrière nombreuses choses qui regorge nos étagères. Ne vous êtes vous jamais posé la question : Quel est l'intérêt que nous avons à maintenir ce bazar ? Les montagnes d'or que nous devons nous faire pourraient nous payer une villa et le meilleur des vins jusqu'à notre mort, et pourtant : Nous maintenons ce bazar de génération en génération. Notre famille n'est pas liée par le sang, mais par le devoir. Il n'existe pas plus grande peine, plus grande tristesse, que la labeur sans espoir et de travailler pour un but qui nous échappe. »



Il joignit les mains et laissa son masque fixe toiser l'homme.


« Peut-être est-il un bien commun que je ne sois qu'un simple marchand d'étrangetés, un contrebandier ou trafiquant de savoir interdit si vous le désirez, peu importe. Comme je l'ai dit... La réalité des choses est toujours plus compliquée que ce que l'on imagine aux premiers abords. Cela ne vous plaît peut-être pas : Mais vous contemplez Zaahid Al-Shahan, tel qu'il est. Le reste ? Je pense que vous ne tirerez que bien peu d'utilités à ces détails. L'ignorance est parfois préférable à la découverte. Non monsieur, je n’œuvre pas pour la destruction du monde, mais oui, je consomme du savoir interdit. »





Dernière édition par Zaahid Al-Shahan le Jeu 24 Oct 2019 - 17:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeJeu 17 Oct 2019 - 20:32


Au bout d’un moment Thymar moulina de la main en roulant des yeux sur le côté, d’un air de dire “Abrège”. Il n’aimait pas les fioritures ailleurs que sur les tapisseries et les robes de bal. Dans sa sagesse, il ne l’interrompit pas, garda pour lui toutes sortes de remarques désobligeantes et ne répondit qu’une fois seulement que le marchand eut terminé.

« ...J’avais encore le choix, avant que vous me fassiez tous ces aveux. Si vous vous étiez simplement contenté de me montrer votre visage au lieu d’en faire tout un foin, je crois que je vous aurais laissé partir. Dame Erilys m’en aurait probablement convaincu. Vous détenez et vendez suffisamment de produits interdits pour anéantir des milliers de personnes. Je crois que c'est plus qu’assez pour vous considérer comme une menace pour Abyre. Même si "la réalité est plus compliquée que ce que l'on imagine au premier abord", ça ne change rien aux faits.
Thymar… S'il vous plaît, je ne veux pas qu'il y ait d'histoire, laissez-le partir et puis c'est tout, implora Erilys d’une petite voix.
Sauf votre respect madame, ce que vous voulez ou pas n’a pas d’importance… Rendez-vous compte vous-même : il est capable de vendre n’importe quoi à n’importe qui, notamment à des gens à qui la raison manque et qui feraient certainement le pire usage de toutes ces… enfin quoi que cela représente. Il n’y a rien de personnel. J’ai juré devant Abiumumat de défendre cette cité et ses habitants. D’ailleurs, vous devriez rentrer chez vous. Pour votre sécurité.
Mais je ne suis pas en danger ! protesta la demi-elfe.
Thymar secoua la tête, désolé.
Ce n’est pas en tant qu’ami que je vous parle. S’il vous plaît, rentrez.
Je ne suis pas en danger parce que même s’il y a mille et un poisons dans cette roulotte, monsieur Al-Shahan ne cherchera jamais à m’en administrer sans mon accord !
Vous voulez être son témoin de moralité ? Même si je doute que cela allège vraiment sa peine, d’autant que vous n’aurez pas beaucoup à dire.
Mais oui, s’il le faut !
Vous êtes trop gentille.
Peut-être. (Elle se pencha et murmura de façon à ce qu’elle ne soit entendue que de lui.) Et puis je crois que c’est plutôt un malade mental. Un obsédé. Il faudrait d’abord lui faire voir un médecin. Ce ne serait pas juste de le mettre en prison alors qu’il n’est pas lui-même.
Beaucoup trop gentille. Le problème, c’est que je ne crois pas plus que vous ce que vous dites. J’admire vraiment votre détermination à vouloir le meilleur pour tout le monde, mais…

Mais qui devrait-il tenir pour responsable si les eaux des puits de tout l’Archipel étaient empoisonnées ? Si une peste millénaire se répandait à travers tout le territoire et finissait par gagner le Tyshar et Saten ? Si ces saints hommes brisés par le savoir et ces diables cruels maudits par ces artefacts décidaient de détruire le monde, comme Anklamère l’avait fait ? Thymar ne pourrait s’empêcher de penser à ce marchand en armure qu’il aurait laissé partir avec son bazar de malheur.

Je ne sais pas quoi faire de vous, marchand. Honnêtement, je ne sais pas quoi faire. Vous parlez comme un fou, pourtant, il me semble que vous n’en êtes pas tout à fait un. Nous avons assez à faire avec la malédiction de Leth, et votre commerce ne peut rien apporter de bon. Je devrais vous confisquer votre bazar et vous arrêter.

Erilys se pinça les lèvres. C’était un peu de sa faute, si le marchand se faisait arrêter. C’était elle qui avait amené Thymar ici. D’un autre côté, ce dernier avait raison.

Je vous ai apporté plus d’embarras que vous ne m’avez apporté d’aide, je le crains. Mais vous vous êtes tiré un carreau dans le pied en disant cela, monsieur Al-Shahan… Ce que mon ami essaie de vous dire, c’est que même si vous “n’oeuvrez pas à la destruction du monde”, vous pouvez donner à quelqu’un de moins bien intentionné que vous les moyens de le faire. C’est là tout le problème.
Ou alors donnez-moi une bonne raison de vous laisser partir. Et c'est une chance que je ne devrais pas vous donner, alors saisissez-la. »
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeJeu 24 Oct 2019 - 17:33


Forcément, cela allait se terminer en procès contre sa personne. Il n'était pas étonné. Ce n'était pas la première fois, et ca ne serait sûrement pas la dernière. Il soupira cependant. Comment expliquer l’inexplicable à quiconque ?

« Je ne sais pas vraiment quoi vous dire. Tout ce que je dit est une vérité, néanmoins, cela requiert un certain degré de... pas d'imagination non. Plutôt de folie pour la saisir. Mais ne vous inquiétez pas pour cette question d'embarras, chère demoiselle. Il m'est toujours d'un grand intérêt d'étudier les réactions des personnes que je rencontre lorsque je leur parle de la véritable nature de ma profession. »

Il le pensait réellement. Al-Shahan était quelqu'un de très seul et exclusivement concentré sur son travail sous les apparences d'une quête infinie monétaire. Sans doute n'était il pas aussi conforme socialement que la plupart des autres ne devraient l'être. Un peu apathique ? Sans doute également.

« Le problème, mon cher ami homme d'arme, c'est que mon visage, vous l'observez déjà depuis tout ce temps. Encore une fois : Il faut que vous... développiez un œil capable de percevoir par delà vos conventions habituelles. La problématique de mon identité repose sur le fait qu'il est nécessaire d'aborder une vision des choses un peu moins orthodoxe pour la saisir. C'est ce que j'essaye de vous inculper en vous parlant de tout cela. Je suis peut-être un opportuniste sur la question de l'argent, mais je suis pas un homme malhonnête pour autant. Je me considérerais même comme un individu des plus respectables quand il s'agit de prendre des paroles, des contrats et de faire marché. Les mauvaises relations font de mauvaises affaires. De mauvaises affaires entraînent un mauvais commerce. Et un mauvais commerce ? Grands Dieux, mieux vaut ne pas parler d'un mauvais commerce. Cela peut vous détruire le plus grand des empires. »

Al-Shahan patinaît un peu et semblait chercher un moyen de faire valoir sa vision des choses. Ce n'était pas une tâche aisée.

« Comment dire... Qu'est ce qui paraît le plus juste à vos yeux. Être né avec les pires tares et comportements existants au monde, ou être en mesure de comprendre et dompter sa nature mauvaise pour le meilleur de soi ? J'ai été un mauvais homme, il est inutile de le cacher. J'ai escroqué, j'ai expérimenté, et j'ai essayé de jouer avec des choses qui m'échappaient. J'ai payé le prix de l'avidité en adoptant la forme que vous observez actuelle : Une forme de métal, plutôt que de chair et d'os. »

Il agita alors son large gantelet à la main articulée dans quelques cliquetis audibles.

« Oh... Bien sûr... Il doit sans doute exister encore un peu de viande sous cette armure de fer, mais je pense être en toute honnêteté plus proche du mollusque que de l'être humain. Et je pense que quiconque tente de s'exposer au savoir entreposé ici finirait en petits cubes de chair avant même de s'en rendre compte. Consommer du savoir interdit... Requiert une certaine préparation... Je peux m'estimer heureux d'avoir survécu à ma première escapade. »

Il inclina poliment la tête.

« Vous m'en voyez tout à fait flatté de venir à ma défense cependant, chère demoiselle. Rares sont les gens qui parviennent à... passer au dessus de mes modestes contributions au Grand Bazar. D'un autre coté... Ne serait-il pas fascinant d'observer les effets de la mixture écarlate ? Ha ha ha ha ha ! Rassurez vous... Je ne livre pas ce genre de secrets au premier venu... Et encore moins aux incrédules qui pensent pouvoir dompter l'interdit pour s'en approprier les pouvoirs. Non, vraiment, être un simple marchand de bizarrerie à du bon parfois. »
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeDim 3 Nov 2019 - 17:24


« J'ai payé le prix de l'avidité en adoptant la forme que vous observez actuelle : Une forme de métal, plutôt que de chair et d'os. Oh... Bien sûr... Il doit sans doute exister encore un peu de viande sous cette armure de fer, mais je pense être en toute honnêteté plus proche du mollusque que de l'être humain. »

La demi-elfe cligna plusieurs fois des yeux, le temps de décider si elle croyait ou non à cette histoire. Un instant, elle se laissa engloutir par cette armure inconfortable qui ne laissait pas dépasser un seul de ses cheveux, qui défendait l’air de frôler sa peau et qui la coupait du reste du monde. En se mettant à sa place, elle ne comprenait pas comment il pouvait ne pas se sentir malheureux.
De son côté, Thymar ne se sentait pas plus avancé.

« C’est tout de même incroyable… Vous m’en sortez des plus bizarres les unes que les autres, articula-t-il en se massant pensivement le cuir chevelu.
Il faut croire que son commerce porte bien son nom.
Hm. Certes.
Un silence s’installa dans la pièce. Les chaînes de la boîte à monstre tintèrent sur l’étagère. quelque chose se renversa dans la réserve en émettant un fracas abominable, suivi d’un gargouillement qui ne laissait pas identifier celui à qui il appartenait. Avant que le garde ne prenne sa décision, Erilys lui saisit le poignet en insistant.
Oubliez cette affaire et allons-nous en, Thymar.
Le garde toisa Zaahid, puis il fit rouler ses yeux vers Erilys, puis son bras, puis elle de nouveau. Son regard ricocha sur le masque doré de Zaahid avant d’enfin retomber sur le sol. Il grinça des dents et déclara d’une voix un peu sinistre :
...Soit.
Les traits de la demi-elfe se détendirent un peu et elle ferma les yeux, soulagée de ne pas avoir fait condamner quelqu’un, quoique ce quelqu’un n’était pas vraiment une personne très innocente.
Je ne dirai rien. Mais si je vous revois ici, je ne vous ferai pas de fleur. Levez vite le camp avant que toutes ces créatures ne s’échappe de ce Pandémonium.
Le garde esquissa un signe de tête qui devait ressembler à une sorte de politesse puis il s’avança vers la porte, qui était plus petite que lui. Après avoir posé un pied sur l’une des marches de l’escalier, il s’immobilisa.
Vous ne venez pas ?
J’arrive. Juste une minute.
Pourquoi faire ?
Erilys leva les yeux au ciel.
Pas pour m’injecter du sang maudit dans les veines.
Une minute, accéda-t-il.
C’est très aimable à vous, répondit la demi-elfe comme s’il lui avait fait une aumône.
Cinquante-huit secondes.
Erilys secoua la tête. Elle se tourna vers le marchand. Une grimace désolée étira son visage.
Si je puis me permettre, monsieur Al-Shahan… Cela ne vous manque pas, d’être… humain ? Parce que j’imagine que cela ne doit pas être facile… »
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitimeJeu 27 Fév 2020 - 16:53


Al-Shahan soupira une énième fois. Eh bien, il n’avait pas perdu sa journée, mais il devait bien avouer qu’il était décevant qu’il n’eut pas réussir à vendre sa mixture écarlate. Il aurait été fort intéressant d’avoir une observation long terme sur les effets que cette dernière pouvait produire… D’un autre côté, est-ce que suivre les travaux d’un mage fou ayant fini sa vie de manière assez minable était vraiment une bonne chose à faire ? Eh. Cela pouvait avoir des résultats et opportunités intéressantes. Soudainement, en dépit d’avoir laissé son esprit errer quelques instants du coté mélodramatique de sa situation, son instinct vendeur lui revint.
Il agita sa large main de métal qui cliqueta de tous ses engrenages et pièces d’horloge. Ironiquement et sans mauvais jeux de mots, Zaahid était ainsi : Remonté comme une pendule. Dieu que ce mercenaire en plastron pouvait être agaçant. Lui ? Laisser les créatures de son commerce s’échapper ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire encore ? La prochaine fois, il dirait qu’il allait oublier de compter la caisse.

« Oh, je crois que ces créatures sont entre de parfaites mains. Ce Pandémonium, comme vous dites, a été bâtit par des générations de spécialistes en la matière. Je ne fais ni crédits, ni remboursements, mais je peux assurer que je ne mens JAMAIS quant à la qualité de mes marchandises. Et plus que tout, j’en prends soin. »

Par tous les dieux existants et imaginables, qu’est-ce que ces rustres des campagnes avaient donc à ne pas être en mesure de considérer une seule seconde l’aspect intéressant de l’idiosyncrasie de ses objets ? D’un autre côté, il n’était pas étonné : ils n’étaient pas réputés pour leur grand trait d’esprit. Au moins, l’elfe s’était montrée ouvert et même compatissante. Dommage qu’elle n’eut accepté l’offre… Mais il était sans doute mieux que certaines choses restent ainsi des secrets.

Ah… Les savoirs interdits étaient un délice à consommer…

« Oh, vous savez, je suis encore un humain techniquement. Considérons juste que j’ai été comme… humm… tartiné sur l’intérieur de l’armure… Vous savez, de la confiture trop agitée dans un bocal. Je crois que la comparaison est maladroite, mais disons je ne suis même pas sûr d’avoir la bouche encore au bon endroit, et encore moins mes dents. Mais tout n’est pas noir : cela m’a permis de créer une image commerçante tout à fait unique et profitable. Et ne parlons pas des façons qui me permettent de me laver ou d’aller profiter de la chaise percée, voulez-vous ? »

Ce genre de choses devaient rester secrète. Non pas que l’avenir de l’humanité en eut été dépendant, mais l’image et la crédibilité de Al-Shahan allait en prendre un sacré coup… Il soupira encore et alla ouvrir la porte de sa roulotte pour laisser les deux sortir.

« Vraiment regrettable que vous n’ayez décidée de mener cette petite expérimentation, ma chère. Vraiment dommage. Mais qui suis-je pour juger les risques que l’on désire mettre dans ce genre d’arts interdits ? La mixture écarlate restera donc un secret pour l’instant… Peut-être qu’un jour, vous entendrez parler d’un élixir unique qui revigore et régénère la jeunesse ! Si c’est le cas, n’oubliez pas le nom du Bazar du Bizarre de Zaahid Al-Shahan ! »

Il s’inclina en maintenant la porte ouverte.
Peut-être qu’il trouverait un jour un volontaire pour tester cette mixture…
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MessageSujet: Re: Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys]   Les morsures de l'oubli... [PV - Erilys] - Page 2 Icon_minitime

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